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La primevère officinale (Primula officinale)

Se soigner avec les plantes sauvages :

La primevère officinale

Commencer l’étude des plantes médicinales par les fleurs printanières est très stimulant, parce que les floraisons s’échelonnent dans le temps. Vous avez ainsi le loisir d’observer successivement plusieurs espèces avec un délai suffisant pour les mémoriser.

Les changements du paysage sont visibles au fil des semaines depuis le mois de mars jusqu’en mai où tout s’accélère avec le réchauffement de l’air. Ne vous privez pas d’explorer les chemins bordés d’arbres et les sous-bois encore clairs, qui se transforment en tapis de fleurs en cette saison!

D’ailleurs les fleurs printanières sont les mieux connues : qui ne connaît pas le pissenlit, la violette, la jonquille, le myosotis, … ? Même la primevère vous est certainement familière, tout du moins celle qui pousse dans votre jardin.

Pour démarrer votre apprentissage des plantes, n’hésitez pas à vous appuyer sur les variétés de fleurs horticoles ; même si ces fleurs ont atteint des dimensions extravagantes vis à vis de leurs ancêtres sauvages ou sont devenue bariolées en exprimant des coloris absents de la nature par suite des croisements successifs de la sélection génétique. Malgré ces extravagances, elles gardent néanmoins les caractéristiques fondamentales de leur espèce. De mon côté, je vous apporterai les précisions utiles pour identifier les souches sauvages qui peuplent notre environnement naturel. Si rien ne vous empêche d’utiliser les variétés horticoles pour vous soigner, leur faible concentration en substances actives devrait vous inciter vite à privilégier la récolte des fleurs sauvages.

Les premières floraisons de l’année comptent une proportion étonnante de fleurs pectorales, en mesure de soigner les affections des bronches et toute maladie due aux refroidissements. Cela correspond tout à fait aux réactions de notre organisme qui peut avoir du mal à s’adapter au changement de saison, confronté à l’alternance des températures et aux récidives de l’hiver malgré les apparitions insistantes du soleil !

Cette synchronicité des floraisons et de notre état biologique devait en toute logique vous orienter vers l’action thérapeutique des plantes du climat tempéré, celles qui sont spontanées sur nos sols et dans nos régions au lieu de faire appel à des plantes exotiques, même très efficaces par ailleurs. En tout cas , c’est la démarche que je vous propose d’adopter dans cette formation. Toutefois, la reconnaissance de ces plantes locales n’est pas facilitée par leur proximité, la tradition elle-même entretient une certaine confusion qu’il va nous falloir éclaircir.

Primevere-off3-fkDans nos campagnes, les gens pour la plupart vous indiqueront aisément les fleurs de coucous…il y a les coucous bleus, il y a les coucous jaunes… ! C’est un peu la pagaille dans les noms populaires qui sont attribués souvent à des plantes très différentes avec une bonne fois inaltérable ! Pour s’y retrouver, il nous faudra nommer les plantes avec leurs noms scientifiques, incontournables balises sur le chemin de la phytothérapie. Néanmoins, cet amalgame du langage populaire a son intérêt. Il nous en apprend beaucoup sur le système naturel, que nous pourrions oublier de considérer dans sa richesse globale, focalisés sur notre petite fleur de coucou.

Elargissons notre regard à la mesure de celui des ruraux des siècles précédents, ouverture indispensable pour prendre en compte et préserver les connexions entre les fleurs, leur milieu et les animaux qui gravitent autour d’elles. Pour la trouver dans le paysage, à cette époque où les fleurs se tapissent encore au ras du sol, les indices fournis par la Nature ne seront pas superflus ! Le printemps des fleurs est en quelque sorte le miroir de l’automne des champignons : prendre en compte le fonctionnement des milieux naturels vous aidera à découvrir ses secrets, à trouver les trésors que vous cherchez…

C’est pourquoi mon approche de la primevère officinale, encore appelée « coucou » ne se bornera pas à sa description botanique, ni à la présentation de ses propriétés médicinales. Dans ma formation destinée aux naturopathes, j’ai prévu de vous emmener aussi en promenade sur les terrains de l’écologie et de l’observation des animaux, toujours en relation avec cette plante.

Vous comprendrez alors pourquoi cette fleur délicate symbolise le printemps. Et vous aurez d’autant plus de plaisir à l’introduire dans votre pharmacie familiale au vu des nombreux remèdes naturels qu’elle est en capacité de vous offrir.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-

Plantes médicinales des montagnes d’Auvergne

Les perles des Causses : orchidées rares en Aveyron

Les faux-frères : le sureau noir et le sureau yeble

Le Sureau noir est une ressource aussi abondante  que savoureuse pour la réalisation des dessert : ses fleurs au parfum extraordinaire ainsi que ses baies juteuses régalent les gourmands à condition de ne pas le confondre avec le sureau yeble. Les deux plantes sont du genre Sambucus. Le Sureau yeble n’est pourtant pas comestible. Il a un goût si désagréable que vous recracherez immédiatement la bouchée de beignet de fleurs à la grande désolation de la cuisinière!

Pour identifier le sureau noir en toute certitude, notez bien les critères qui font la différence :

Le sureau noir est le premier à fleurir vers le 20 mai, immédiatement suivi du sureau yeble environ 3 semaines plus tard.

Le sureau yeble pousse en colonie dense au bord des routes, en lisière de forêt et sur les déblais , son terrain de prédilection. Le sureau noir est un individualiste qui se ressème à distance de ses parents, il apprécie les jardins, les friches et les milieux habités.

Sureau-Noir-ecorcefkLe sureau noir est un véritable arbuste de 3 à 4 mètres de haut avec des branches et un tronc couverts  d’une écorce brun clair ponctuée de pores en relief.

Parfois, il peut être difficile de cueillir les fleurs perchées en hauteur. La tentation est donc grande de récolter  les fleurs et les fruits du sureau yeble qui sont à portée de main!

En effet le sureau yeble est environ de la taille humaine : c’est une plantes herbacée sans écorce avec un épiderme vert clair.

 

Les feuilles du sureau noir sont composées de 5 à 7 folioles (comme la feuille de frêne) alors que les feuilles du sureau yeble sont plus grandes , avec 7 à 11 folioles.Sureau-Yeble-feuillefkSureau-Noir-feuillefk

 

 

 

 

 

 

Les fleurs blanches sont dans les deux cas, disposées en plateau (corymbes) avec une subtile différence : les étamines du sureau noir sont jaunes d’or tandis que les étamines du sureau yeble sont violettes, et ça se voit bien quand on observe de près la fleur!Sureau-Noir-fleurfkSambucus-ebulus-fk

Les fruits du sureau noir sont tournés vers le sol car l’ombelle se penche quand les baies murissent. Les ombelles du sureau yeble restent par contre dressés vers le ciel .Sureau-Yeble-fruitfk

Les baies du sureau noir sont comestibles à condition d’être mûres, c’est à dire noires : éliminer les baies vertes de l’ombelle avant la cuisine. Attention! les fruits du sureau noir se consomment cuits.

 

 

Fleurs des sous-bois printaniers – mois d’avril

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L’amour

Lorsque l’amour vous fait signe suivez-le,
Bien que ses chemins soient escarpés et sinueux.
Et quand ses ailes vous étreignent, épanchez-vous en lui,
En dépit de l’épée cachée dans son plumage qui pourrait vous blesser.
Et dès lors qu’il vous adresse la parole, croyez en lui,
Même si sa voix fracasse vos rêves, comme le vent du nord saccage les jardins.
Car comme l’amour vous coiffe d’une couronne, il peut aussi vous clouer sur une croix.
Et de même qu’il vous invite à croître, il vous incite à vous ébrancher.
Autant il s’élève au plus haut de vous-même et caresse les plus tendres de vos branches qui frémissent dans le soleil,
Autant cherche-t-il à s’enfoncer au plus profond de vos racines et à les ébranler dans leurs attaches à la terre. (…)

Khalil Gibran « Le prophète »

Au royaume des orchidées – Maurs 15

Au bord du chemin, les jolies printanières nous signalent que nous entrons dans la zone des roches calcaires classée en zone Natura 2000 pour sa richesse en orchidées . Les ornithogales ne sont pas ouvertes car le soleil est encore bas : les belles fleurs blanches s’épanouiront en fin de matinée ce qui lui a valu son nom populaire de dame de 11 heures ! J’admire au passage le bugle de Genève au bleu profond rehaussé par les poils soyeux et l’épi dense enroulé en spirale du muscari à toupet dont les premiers boutons virent au violet pur. Mais mon impatience prend le dessus sur le plaisir cette ambiance et je coupe à travers la prairie verdoyante en direction des terres maigres en pente…

Orchis morio albinos
Orchis morio albinos

Je connais le goût des orchidées pour la compagnie des genévriers commun dans les pâturages à mouton secs et pauvres où le paysan ne remplira pas son fenil. Ici les graminées aux feuilles fines sont transparentes comme un voile sur le paysage : il me suffit d’approcher à pas lents pour voir apparaître entre les fils dorés du rideau, les taches écarlates des orchis mâles. Ils sont vraiment très grands, signe que le milieu est favorable. Isolé au milieu des géants , un superbe orchis bouffon d’un blanc de neige semble irradier la lumière de l’aube, alors que de délicates rayures vertes dessinent à la plume une résille sur les ailes des corolles immaculées. C’est une variation du costume de l’ornithogale pour le bal des orchidées… ! Je croiserai quelques autres orchis bouffon albinos plus loin, éparpillés entre les colonies d’orchidées. Me voici émerveillée par la rencontre avec la star pour laquelle je suis venue avec mon appareil photo !

Serapias lingua
Serapias lingua

Un sérapias à langue aux pétales nervurés d’un mauve pâle se cambre fièrement sur sa courte tige… Que cette fleur est donc élégante malgré sa petite taille ! Le pétale inférieur allongé en gouttière est vraiment original. Pour ma première série de photos, je choisis un quatuor de sérapias, puis d’autres groupes plus nombreux, et mélangés à des orchis bouffons et des orchis mâles, d’une composition aussi subtile que des bouquets japonais. Tant et si bien que l’orchis bouffon s’est croisé avec le sérapias à langue pour inventer un superbe hybride à la fleur de sérapias et à la couleur pourpre de l’orchis : une « pierre précieuse » qui couronne mon safari au royaume des orchidées.

Mais je ne suis pas encore au bout de mes découvertes car le terrain devient plus aride et laisse affleurer des rochers …jusqu’à un duo d’Ophrys silloné (O. fusca), en plein épanouissement. En arrière plan, je découvre une colonie d’Aceras Homme pendu (A. antropophora) qui mènent une joyeuse sarabande en exhibant les jambes jaunes de leurs minuscules pantins. Les floraisons sont si abondantes que j’en profite pour trouver le meilleur angle de prise de vue. Dans ce ballet de floraisons remarquables, il me reste à m’extasier devant les chandeliers des Orchis brûlées et leurs dizaines de fleurs nacrées mouchetées de pourpre…

Neotina ustulata
Neotina ustulata

Elles semblent baliser le parcours et m’invitent à me diriger vers le sommet de la butte. Le soleil s’est élevé dans le ciel et commence à chauffer l’atmosphère ainsi que les dalles de pierre du sol toutes tièdes. Il y a comme une ambiance méridionale renforcée par les panaches des genévriers. En m’enfonçant dans les coteaux calcicoles, je suis accompagnée par les papillons blancs de la platanthère que je n’avais pas encore remarqués, et c’est le coeur en fête que je poursuis mon exploration à l’affut de nouvelles exceptionnelles rencontres. Sûrement je vais croiser la listère à deux feuilles, peut-être même que l’orchis grenouille me fera l’honneur de sa robe verte si bien camouflée que chaque rencontre est une nouvelle conquête …une partie du plaisir de cette balade tient à ce suspens.