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L’achillée millefeuille (Achillea millefolium)

Se soigner avec les plantes sauvages

L’achillée millefeuille

Le printemps renouvelle à chaque saison mon étonnement devant sa richesse en floraisons de plantes médicinales : plantain lancéolé, violette odorante, lierre terrestre, chélidoine et primevère, pour ne citer que les sujets de mes premiers article. Ces cinq espèces nous introduisent à la connaissance de catégories de plantes – des familles botaniques- dont vous pourrez découvrir l’importance en phytothérapie. Comme vous l’avez lu dans mon texte, chacune de ces familles détient « le brevet » de substances actives exclusives, ces mêmes molécules qui interviennent en préventif ou en curatif sur notre santé. Ces remèdes naturels ont un autre atout appréciable : la possibilité de cibler un large éventail de désordres biologiques et par là même, de s’adapter aux besoins inhérents à chaque organisme.

Achillea-mille2-fkL’achillée millefeuille est une plante essentielle dans la phytothérapie traditionnelle telle qu’elle a acquis ses lettres de noblesse en territoire rural depuis des siècles. Cependant elle fait appel à une méthode d’observation botanique plus complexe que les espèces précédentes. Il faut dire qu’elle entretient à la perfection, la confusion avec d’autres espèces sauvages dont la floraison blanche semble tellement proche ! Une erreur d’identification peut arriver si vous ne prêtez garde aux indices caractéristiques de ces espèces. Chaque plante est unique, c’est juste une affaire d’observation et de méthode, comme nous allons le voir pour l’Achillée millefeuille… car se tromper de plante médicinale peut avoir des conséquences désastreuses dans le domaine de la phytothérapie.

Ainsi l’achillée millefeuille, elle-même pourrait essayer de se faire passer pour une carotte sauvage ou un cerfeuil des prés dans le meilleur des cas ! J’ose à peine évoquer la grande cigüe. Heureusement cette maladresse ne vous arrivera pas dans la mesure où vous allez comprendre vite à quel point cette confusion est grossière. Vous aurez tôt fait de cerner la personnalité unique de l’achillée millefeuille et de rentrer dans son intimité qu’elle partage avec l’humanité depuis très, très longtemps.

Achillea-millefolium-fkPour cela,  j’utilise le plus possible mes sens : le toucher, l’odorat et bien sûr la vue. Ils s’avèrent tous indispensables pour approcher l’inflorescence* de l’achillée millefeuille parmi les dizaines de fleurs blanches éparpillées dans la campagne.

Mon intérêt pour l’achillée millefeuille, je le dois à ce papi que j’ai rencontré un matin de juin 2015 dans un petit hameau des Monts du Cantal. Il ne tarissait pas d’éloges pour l’achillée millefeuille. Ce vieux monsieur a d’abord remarqué mon curieux manège, en train d’examiner les herbes folles dans le hameau. Quand je lui ai expliqué mon intérêt de botaniste, il a absolument voulu me montrer une plante sauvage de son jardin.

– « Celle-là, c’est l’achillée, me dit-il, vous connaissez ? Quelle plante merveilleuse ! Elle a un pouvoir extraordinaire que la plupart des gens ignorent. Je lui dois une fière chandelle que je n’oublierai pas de sitôt. A près de 70 ans, je me suis mis à saigner du nez pendant 3 jours en continu sans pouvoir arrêter l’épanchement. Les médicaments que j’ai pris n’y faisait rien. Alors j’ai fait une décoction très concentrée de la plante et j’ai trempé une boule de coton dedans puis je l’ai enfoncée dans les narines. Hé ! Bien, le sang a cessé de couler instantanément ! »

Il regardait avec une infinie reconnaissance le toupet de feuilles serré dans sa main… ce n’est pas moi qui l’aurais contredit, depuis que je me suis coupée profondément le doigt avec ma faucille, un jour où le plantain lancéolé a prouvé son incroyable pouvoir de plante vulnéraire*. (voir article sur le Plantain lancéolé)

Ce monsieur et moi avions chacun à notre tour fait une rencontre décisive dans notre relation à la médecine des plantes. Vous avez été aussi saisi d’émotion par une fleur ambassadrice de la Nature?

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-

La violette odorante (Viola odorata)

Se soigner avec les plantes sauvages

La violette odorante

Quelle meilleure raison de se promener au printemps que d’aller voir les premières fleurs de la saison ? Lorsque le soleil joue à cache-cache avec les nuages, les « primroses » illuminent les talus et les prairies encore terrassées par les dernières gelées , ces fleurs qui captent dans leurs pétales le rayonnement solaire et le diffusent par leurs couleurs vives autour d’elles. C’est une véritable source de régénération psychique, qu’une rencontre avec ces plantes, signes manifestes de l’éveil de la Nature. Chaque éclosion de fleur semble exprimer la vitalité de la terre comme un jaillissement de l’énergie du sol contenue pendant l’hiver.

viola-sylvestris-fkEncore discrètes dans le paysage, vous les apercevrez en vous arrêtant près de la haie, au pied d’un frêne, ces fraîches et pimpantes violettes rassemblées par dizaines en un coussinet dense de pétales …presque pas de feuilles pour les entourer : la photosynthèse vient à peine de démarrer, l’énergie manque pour développer tous les organes de la plante alors les plantes font de leur floraison la priorité ! D’autant que la demande existe en dépit des intempéries de ce début de saison : les insectes butineurs ont repris leur activité et sont en quête de nourriture. Le paysage offre encore peu de ressources et les fleurs des violettes odorantes sont parmi les premières auberges du printemps.

Vers le mois de mars, ce sont des vagues de fleurs bleues : scilles, lierre terrestre et pulmonaires auxquelles se mêlent les violettes. La plupart des espèces précédentes ont des propriétés pectorales qui coïncident avec les troubles respiratoires qui accompagnent les derniers frimas de la saison. Pour soigner les bronches et les voies respiratoires, la violette possède un arsenal de substances actives très efficace au point qu’elle figure dans la liste des plantes du mélange des fleurs pectorales inscrite au Codex pharmaceutique.

Dans la Nature plusieurs espèces de violettes coexistent, chacune ayant élu domicile dans un habitat différent. Leur répartition dans les milieux variés de la campagne à la montagne permet de les rencontrer un peu partout. Dans les prairies et les pelouses ensoleillées, la violette odorante est très fréquente et la plus précoce. Elle possède un parfum sublime digne des violettes de Toulouse dont elle est l’ancêtre sauvage ! Elle est souvent confondue avec les violettes des bois qui préfèrent l’ombrage des arbres : elle s’établit dans les vergers, les lisières de bois et les pieds des haies d’arbustes qui longent les chemins où vous aurez plus de facilité à la voir.

Viola tricolor
Viola tricolor

Leurs cousines sont les pensées sauvages dont les fleurs ont été sélectionnées pour obtenir des variétés décoratives pour le fleurissement des jardins. Contrairement aux violettes, les pensées ne sont pas toujours de cette couleur ! Elles varient par de nombreux caractères subtils qu’un œil averti perçoit rapidement. Ne vous y trompez-pas… les pensées sauvages ont aussi pour certaines des propriétés médicinales avérées. Il est donc important de distinguer les violettes et les pensées dans la mesure où elles ont droit à leur chapitre respectif dans les ouvrages d’herboristerie. Leurs usages traditionnels attestent que cette famille botanique dispose de compétences orientées vers le traitement des maladies respiratoires.

Beaucoup de monde sait reconnaître une fleur de violette, c’est plus difficile d’identifier la plante dans la Nature au milieu des fleurs de la « vague bleue », ou lorsque les fleurs sont fanées, la plante devient indiscernable. Parmi les violettes, le praticien fait la différence entre les espèces pour retenir celle qui est la plus efficace. Ainsi vous serez gagnant de savoir observer les violettes de votre environnement pour faire votre récolte en connaissance de cause et en conscience.  D’autre part, je vous recommande de faire attention à les accueillir dans votre jardin ou votre verger afin d’avoir une réserve de plantes à portée de la main en vue de soigner les refroidissements de début de saison.

Les violettes étant précoces, disparaissent du paysage dès que le printemps est un peu avancé. Lorsque les fleurs jaunes font leur apparition, c’est la deuxième salve du printemps qui démarre. Dans le prairies à vaches, la marée d’or du pissenlit signe le déclin irréversible de la vague bleue des semaines précédentes. Il est urgent de récolter les violettes en même temps que le lierre terrestre et les tussilages pour la tisane et autre sirop contre la toux, et de l’intégrer à vos menus en l’incorporant à vos recettes comme un ingrédient culinaire.

Viola odorata
Viola odorata

La violette odorante peut en effet jouer un rôle préventif dans l’apparition des maladies lorsqu’elle est consommée régulièrement à petites doses dans l’alimentation quotidienne. Des recettes gourmandes existent où chaque organe de la plante est valorisé, qu’il s’agisse des fleurs ou des feuilles de manière à profiter intégralement des bienfaits de cette jolie et délicate fleur du printemps. De plus, elle apporte tant de charme et de couleur à la présentation des plats qu’il s’opère une véritable transformation. Il n’est rien de plus appétissant qu’une assiette décorée par des fleurs de violettes.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-

La chélidoine (Chelidonium majus)

se soigner avec les plantes sauvages

La chélidoine

La Chélidoine est une plante carrément déroutante ! Son apparence se conjugue à ses mœurs pour désigner une exception qui confirme la règle. Je vous ai sélectionné cette plante remarquable pour ses propriétés parmi des espèces champêtres qui se développent en bordure de chemins jusque dans les quartiers habités. Attention aux désherbants chimiques! Les plantes qui survivent aux traitements phytosanitaires pour la « propreté urbaine » risquent de contenir des résidus de pesticides et pourraient vous intoxiquer en plus des polluants classiques !

Chelidoine-fk

Dans certains villages, le mot d’ordre commence à circuler de ne plus désherber chimiquement les pieds de murs et les voiries. Dirigez vos pas vers les ruelles au milieu des maisons anciennes ou inspectez les remparts des sites fortifiés et des ruines de châteaux. Vous serez surpris de croiser des plantes clandestines comme la Chélidoine, qui se maintiennent à l’insu des habitants en limite de jardin et dans les fissures des murs ! Prenons l’exemple du site exceptionnel des Tours de Merle en Corrèze (19), bâti à partir du XII ème siècle, et abandonné au XVIème… abandonné par les hommes mais pas par les plantes ! En me promenant dans les remparts, voilà que je découvre la grande camomille perchée sur la muraille, un peu plus loin de magnifiques touffes de consoude officinale, ou encore le raisin d’Amérique parmi les derniers migrants arrivés sur place. Celles-ci ont été ramenées d’autres régions, les plus anciennes provenant du moyen Orient à l’époque des croisades… Il y a aussi des autochtones comme la Chélidoine et l’égopode podagraire, elles forment souvent des colonies aux abords des habitations où elles sont plus à l’aise que dans les champs. Il suffit d’un coup de rotofil pour les faire disparaître, confondues souvent avec des mauvaises herbes ! Elles vagabondent d’une ruelle à l’autre depuis le Moyen Age où elles avaient une place d’honneur dans le jardin de simples comme dans votre pharmacie, le tube d’aspirine ou la pommade contre les piqûres d’insectes… aujourd’hui !

Chelidoine-fleur-fkJe les appelle les plantes civilisées car elles n’ont plus quitté les villages depuis leur introduction des centaines d’année plus tôt : elles se plaisent en compagnie de l’homme. Il faudrait plutôt dire : elles apprécient l’architecture traditionnelle avec ses matériaux durables : la pierre, la chaux, l’argile et le sable. Leurs racines installées douillettement, ne pourraient pas résister à toutes les intempéries s’il n’y avait un microclimat stable. Pour leur grande chance, la température est contrôlée grâce à l’orientation optimale des constructions humaines en direction du soleil et à l’abri des vents froids de l’hiver. Grâce à ces conditions exceptionnelles, des millions de générations de ces plantes ont franchi les siècles jusqu’à nos jours. C’est pourquoi cette fois, je ne vous emmènerai pas sur les chemins ruraux ; il nous suffira de visiter les ruelles de mon village où se promène la chélidoine en liberté.

Chelidoine-feuille-fkJe vous la présente car elle est réellement différente des plantes médicinales précédentes : ce n’est pas une plante vulnéraire, elle ne vous servira donc pas à soigner vos blessures, de plus elle possède une certaine toxicité… et pour cause : on l’appelle l’Herbe à verrues car c’est son usage populaire le plus connu. Un autre nom, la Grande Eclaire, nous indique un remède destiné à soigner les yeux. Surprenante, la Chélidoine illustre parfaitement ce paradoxe dans la mesure où elle rend de grands services à ceux qui respectent sa puissance. Dépêchez-vous d’aller à sa rencontre dès que le soleil pointe entre deux averses, car cette jolie fleur annonce le printemps en duo avec l’hirondelle.  Il est plus que temps d’admirer sa floraison et d’apprendre à se soigner avec ses feuilles.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
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Les sosies : le gouet et l’oseille

Au début du printemps, les jeunes feuilles d’oseille sauvage (Rumex acetosa) ressemblent fortement au feuillage du gouet (Arum maculatum) qui émerge du sol à la même période. Les deux espèces ont également des oreillettes pointues qui donne à leurs feuilles la forme d’une hallebarde. Alors que l’oseille sauvage est comestible, le gouet est toxique

Une affaire de famille :

Rumex acetosa
Rumex acetosa

L’oseille sauvage appartient à la famille des Polygonacées : oseilles cultivées,  rhubarbe, sarrasin … L’oseille sauvage contient de l’acide oxalique qui peut entrainer la formation de calculs rénaux si elle est consommée en excès.Il faut éviter d’en manger tous les jours. Ne soyez donc pas trop gourmand si vous aimez la soupe à l’oseille!

 

 

Arum maculatumLe Gouet est apparenté aux Aracées, la famille des Arum, utilisée principalement en ornement dans les jardins et par les fleuristes pour les bouquets. Les arums contiennent des raphides d’oxalate de calcium qui sont très irritantes et rubéfiantes pour les muqueuses dès la première bouchée. Attention aussi au contact avec les yeux!

Pour en savoir plus sur la toxicité du gouet.

Comment distinguer les feuilles de l’oseille et du gouet ?

Lorsque le gouet se développe, ses feuilles atteignent plus de 15 cm de longueur alors que les feuilles d’oseille restent assez petites de l’ordre de 5 cm à 10 cm maximum. De plus le gouet pousse à mi-ombre au pied des haies arborées alors que l’oseille pousse au soleil dans les prairies. Cependant les deux espèces se côtoient sur les talus et les limites de parcelles lorsque les haies ont été dégradées par des tailles excessives.

Au tout début du printemps, les jeunes feuilles du Gouet et de l’oseille ont sensiblement la même taille et la même forme. Pour les distinguer, retournez la feuille et observez sa face inférieure :

Arum maculatum
Arum maculatum
  • la feuille du gouet a une face inférieure recouverte d’une sorte de membrane translucide qui prend un aspect nacré à la lumière du jour.

 

 

 

 

 

Rumex acetosa
Rumex acetosa
  • la feuille de l’oseille a une face inférieure  bien verte comme la face supérieure

 

 

 

 

 

Comparez aussi les pétioles des feuilles  (coupez le pétiole avec un couteau et observez la section )

  • le pétiole de l’oseille est creusé comme une gouttière sur la longueur de son axe
  • le pétiole de la feuille de gouet est cylindrique 

Arum-italicum-fkAu moment de la floraison, la confusion n’est plus possible car  la fleur du gouet ressemble à une massue enveloppée d’une spathe (feuille spécialisée) blanc verdâtre. Chez le Gouet maculé, la massue est brune alors que chez le Gouet d’Italie elle est jaune pâle

 

Dans les prés,  l’oseille dresse une tige florale élancée avec un panache de fleurs vert puis pourpre qui flotte comme une oriflamme au-dessus de la prairie.

Le lierre terrestre (Glechoma hederacea)

Se soigner avec les plantes sauvages

le lierre terrestre

Le printemps est une saison merveilleuse qui me redonne du tonus quand j’ai l’impression de m’engloutir dans la morosité d’un l’hiver interminable. Le soleil pointe son nez entre les giboulées et insiste tant et si bien que sa prochaine apparition donne le signal de départ pour le développement d’une première vague de floraisons décisive!

Chaque saison a ses couleurs dominantes. Le tout début du printemps passe facilement inaperçu quand le ciel est gris et pluvieux. Pas encore de jaune d’or éclatant dans les prés pour attirer l’oeil : la grande marée des pissenlits, c’est encore trop tôt ! Imaginez une nuance douce à l’image du ciel qui s’éclaire après l’averse…un bleu très pur envahit en nappes les sous-bois : ça démarre avec le bleu des scilles et des jacinthes sauvages, et ça se termine avec le bleu des myosotis. Parmi elles, de fameuses plantes médicinales nous attendent…

En avril, partons dans les bois à la recherche de ces fleurs printanières étalées en tapis au pied des arbres à feuilles caduques.

A défaut de jolis bois de chênes ou d’érables à proximité de chez vous, vous serez bien inspiré de vous promener dans les chemins bordés de haies d’arbres ou de haies d’arbustes naturels assez épaisses. Les ramures des buissons ne doivent pas laisser filtrer le regard, condition pour arrêter le vent et fournir assez d’ombre au sol à toutes ces fleurs bleues du mois d’avril, quand l’été devient trop chaud. Elles se dépêchent donc de fleurir au printemps juste avant que les arbres mettent leurs feuilles toutes neuves, en profitant de la lumière des éclaircies et de l’humidité printanière.

Ce sont les pionnières de l’année. Courageuses pour braver le froid et le grésil, pas fragiles et pourtant ciselées comme des porcelaines. Vous vous demanderez comment vous avez pu ne pas les voir jusqu’à maintenant, quand elles vous sauteront aux yeux au détour du chemin.

Glechoma hederacea
Glechoma hederacea

Quelle drôle d’idée de sortir par ce temps incertain, alors même que les pissenlits se terrent encore dans leurs mottes de terre ! Pourquoi ne pas attendre que le climat se réchauffe un peu… ? Justement parce que ces jolies fleurs bleues disparaissent aussi vite que le mois de mai est arrivé.

D’ailleurs en attendant la douceur, vous risquez de subir les aléas des refroidissements vite attrapés en cette saison versatile. Un coup de chaud, on se déshabille, un coup de froid, c’est trop tard… le rhume est installé.

Providence de la Nature, il y a justement une profusion de fleurs printanières pour soigner les affections respiratoires… on pourrait même dire qu’elles se précipitent de fleurir à notre secours, alors que nos stocks de plantes médicinales séchées ont été largement entamés pendant l’ hiver.

Sans ramper pour autant, il va falloir se mettre à la hauteur du « lierre terrestre » encore tout humide de rosée, car les espèces printanières sont basses, très cocoon. Elles économisent l’énergie, le soleil étant encore parcimonieux, et développent juste le feuillage nécessaire pour fleurir, voire fleurissent avant même que les feuilles émergent du sol !

Vous repèrerez aisément le lierre terrestre grâce à sa superbe floraison bleu lavande, un indice parmi les liens que nous allons établir avec la fleur de cette même plante méditerranéenne dont le parfum est ancré dans notre mémoire. Le lierre terrestre ne manque pas d’odeur lui non plus et votre nez sera un bon outil dans la reconnaissance de cette fleur méconnue.

Ne confondez pas cette fleur avec le lierre accroché à la façade nord de la maison ! Malgré d’étonnantes similitudes, ces deux lierres sont des espèces très différentes. C’est tout simplement bon de profiter de cette fleur charmante : de sa beauté lumineuse et de ses services en phytothérapie !

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
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Le plantain lancéolé (Plantago lanceolata)

Se soigner avec les plantes sauvages :

Le plantain lancéolé

Lorsque nous partons en randonnée ou que nous jardinons, les petits maux ne sont pas loin : coupure, piqûre, chute. Les changements de saisons ou de nourritures entrainent diarrhées et problèmes digestifs ou des refroidissements qui nous affectent d’autant plus que nous sommes affaiblis. Heureusement la trousse à pharmacie nous suit ou bien nous courons dare-dare à la pharmacie la plus proche pour soigner bébé qui s’est fait dévorer par les moustiques !

Et réconfortés par notre boite de comprimés toute neuve, nous pensons parfois : mais comment faisaient-ils AVANT ?… avant, c’est à dire quand l’industrie pharmaceutique n’était pas encore développée, il y a au moins 50 ans. Oui, pensons un instant avec émotion à nos aïeux, même à nos grands-parents, lorsqu’ils tombaient malades. En ville, existaient les apothicaires mais à la campagne, la médecine familiale traditionnelle était souvent le seul recours immédiat.

Moi qui habite le Cantal, un département rural dont la principale activité agricole est l’élevage et très peu urbanisé, je me suis trouvée confrontée à cette situation problématique : en fauchant mon jardin à la faucille, un geste maladroit et crac ! Le gant coupé net et le doigt entaillé « à pisser le sang ». Impressionnant et plus qu’une seule main pour s’occuper de l’autre ! Pourvu que les habitants prévoyants aient rassemblé l’antiseptique, la crème cicatrisante, le pansement et la compresse pour soigner ce pauvre doigt… Peut-être même qu’un ou deux points de suture ne seraient pas de trop. Evidemment, tel n’est pas mon cas : seule à la maison, les mains sales, la pharmacie à moitié vide et un dimanche après-midi, je me sentais un peu dépassée par la situation !

Plantago lanceolata
Plantago lanceolata

Gardant mon sang-froid (!), j’ai pris le parti d’utiliser un remède de paysans en appliquant le plantain lancéolé. Lorsque j’ai su arrêter l’écoulement sanglant de mon doigt à vif  , lorsque j’ai vu les deux bords de la plaie béante, roses et parfaitement propres, j’ai commencé à comprendre l’origine du respect des anciens pour « l’herbe aux coupures ». Quand la plaie s’est refermée doucement en moins d’une semaine sans autre compresse que les cataplasmes de bouillie d’herbe, je me suis vraiment intéressée à toutes ces feuilles qui poussent sous mes pieds, capables de soigner la plupart des maladies humaines, là, à portée de main, gratuites, abondantes… C’est le don de la nature ! Il ne tient qu’à nous d’en profiter…

Je m’étais souvent posé la question à propos des buronniers, ces bergers du Cantal qui montaient dans les hauts pâturages avec leurs troupeaux pour y passer 6 mois d’affilée de mai à octobre. A plus de 1300 mètres d’altitude sans chemin carrossable, ni 4X4 à l’époque, il leur fallait plusieurs heures pour revenir au village à pied. Leur principale ressource était dans la nature, qu’il connaissaient comme leur poche. Un savoir millénaire transmis le plus souvent par les femmes qui s’est constitué progressivement dans les campagnes alors très peuplées et très actives : charpentier, ferronnier, forgeron, couvreur, maréchal ferrand, paysan, …autant de métiers , autant d’occasions fréquentes de se blesser.

Pas besoin de formation médicale ou botanique pour utiliser les « simples », c’est à dire les herbes médicinales que l’on peut utiliser en tant que remèdes directement sans nécessiter d’additif ni de préparation compliquéeNos ancètres se transmettaient les savoirs par tradition orale. Il vous suffira de faire preuve du sens de l’observation, d’un peu de mémoire et de bon sens dans cet apprentissage au fil des saisons. Plus souvent vous vous pencherez sur les plantes, plus facile sera leur reconnaissance. C’est une question de pratique . Vous croisez tous les jours le plantain lancéolé sur les trottoirs et sur les routes de campagne sans la reconnaitre, un peu comme ces passants, auxquels vous ne faites pas attention. L’air de rien, elle a un potentiel incroyable : elle joue sur tous les tableaux…à la fois thérapeutique et culinaire. Quand vous aurez appris à la connaître, croyez-moi, elle se rendra vite indispensable et vous finirez par lui faire une place dans votre paysage quotidien. Pour ma part, je lui ai réservé une place dans mon jardin car c’est un vrai trésor de la nature !

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La primevère officinale (Primula officinale)

Se soigner avec les plantes sauvages :

La primevère officinale

Commencer l’étude des plantes médicinales par les fleurs printanières est très stimulant, parce que les floraisons s’échelonnent dans le temps. Vous avez ainsi le loisir d’observer successivement plusieurs espèces avec un délai suffisant pour les mémoriser.

Les changements du paysage sont visibles au fil des semaines depuis le mois de mars jusqu’en mai où tout s’accélère avec le réchauffement de l’air. Ne vous privez pas d’explorer les chemins bordés d’arbres et les sous-bois encore clairs, qui se transforment en tapis de fleurs en cette saison!

D’ailleurs les fleurs printanières sont les mieux connues : qui ne connaît pas le pissenlit, la violette, la jonquille, le myosotis, … ? Même la primevère vous est certainement familière, tout du moins celle qui pousse dans votre jardin.

Pour démarrer votre apprentissage des plantes, n’hésitez pas à vous appuyer sur les variétés de fleurs horticoles ; même si ces fleurs ont atteint des dimensions extravagantes vis à vis de leurs ancêtres sauvages ou sont devenue bariolées en exprimant des coloris absents de la nature par suite des croisements successifs de la sélection génétique. Malgré ces extravagances, elles gardent néanmoins les caractéristiques fondamentales de leur espèce. De mon côté, je vous apporterai les précisions utiles pour identifier les souches sauvages qui peuplent notre environnement naturel. Si rien ne vous empêche d’utiliser les variétés horticoles pour vous soigner, leur faible concentration en substances actives devrait vous inciter vite à privilégier la récolte des fleurs sauvages.

Les premières floraisons de l’année comptent une proportion étonnante de fleurs pectorales, en mesure de soigner les affections des bronches et toute maladie due aux refroidissements. Cela correspond tout à fait aux réactions de notre organisme qui peut avoir du mal à s’adapter au changement de saison, confronté à l’alternance des températures et aux récidives de l’hiver malgré les apparitions insistantes du soleil !

Cette synchronicité des floraisons et de notre état biologique devait en toute logique vous orienter vers l’action thérapeutique des plantes du climat tempéré, celles qui sont spontanées sur nos sols et dans nos régions au lieu de faire appel à des plantes exotiques, même très efficaces par ailleurs. En tout cas , c’est la démarche que je vous propose d’adopter dans cette formation. Toutefois, la reconnaissance de ces plantes locales n’est pas facilitée par leur proximité, la tradition elle-même entretient une certaine confusion qu’il va nous falloir éclaircir.

Primevere-off3-fkDans nos campagnes, les gens pour la plupart vous indiqueront aisément les fleurs de coucous…il y a les coucous bleus, il y a les coucous jaunes… ! C’est un peu la pagaille dans les noms populaires qui sont attribués souvent à des plantes très différentes avec une bonne fois inaltérable ! Pour s’y retrouver, il nous faudra nommer les plantes avec leurs noms scientifiques, incontournables balises sur le chemin de la phytothérapie. Néanmoins, cet amalgame du langage populaire a son intérêt. Il nous en apprend beaucoup sur le système naturel, que nous pourrions oublier de considérer dans sa richesse globale, focalisés sur notre petite fleur de coucou.

Elargissons notre regard à la mesure de celui des ruraux des siècles précédents, ouverture indispensable pour prendre en compte et préserver les connexions entre les fleurs, leur milieu et les animaux qui gravitent autour d’elles. Pour la trouver dans le paysage, à cette époque où les fleurs se tapissent encore au ras du sol, les indices fournis par la Nature ne seront pas superflus ! Le printemps des fleurs est en quelque sorte le miroir de l’automne des champignons : prendre en compte le fonctionnement des milieux naturels vous aidera à découvrir ses secrets, à trouver les trésors que vous cherchez…

C’est pourquoi mon approche de la primevère officinale, encore appelée « coucou » ne se bornera pas à sa description botanique, ni à la présentation de ses propriétés médicinales. Dans ma formation destinée aux naturopathes, j’ai prévu de vous emmener aussi en promenade sur les terrains de l’écologie et de l’observation des animaux, toujours en relation avec cette plante.

Vous comprendrez alors pourquoi cette fleur délicate symbolise le printemps. Et vous aurez d’autant plus de plaisir à l’introduire dans votre pharmacie familiale au vu des nombreux remèdes naturels qu’elle est en capacité de vous offrir.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
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