Archives mensuelles : avril 2020

La violette odorante (Viola odorata)

Se soigner avec les plantes sauvages

La violette odorante

Quelle meilleure raison de se promener au printemps que d’aller voir les premières fleurs de la saison ? Lorsque le soleil joue à cache-cache avec les nuages, les « primroses » illuminent les talus et les prairies encore terrassées par les dernières gelées , ces fleurs qui captent dans leurs pétales le rayonnement solaire et le diffusent par leurs couleurs vives autour d’elles. C’est une véritable source de régénération psychique, qu’une rencontre avec ces plantes, signes manifestes de l’éveil de la Nature. Chaque éclosion de fleur semble exprimer la vitalité de la terre comme un jaillissement de l’énergie du sol contenue pendant l’hiver.

viola-sylvestris-fkEncore discrètes dans le paysage, vous les apercevrez en vous arrêtant près de la haie, au pied d’un frêne, ces fraîches et pimpantes violettes rassemblées par dizaines en un coussinet dense de pétales …presque pas de feuilles pour les entourer : la photosynthèse vient à peine de démarrer, l’énergie manque pour développer tous les organes de la plante alors les plantes font de leur floraison la priorité ! D’autant que la demande existe en dépit des intempéries de ce début de saison : les insectes butineurs ont repris leur activité et sont en quête de nourriture. Le paysage offre encore peu de ressources et les fleurs des violettes odorantes sont parmi les premières auberges du printemps.

Vers le mois de mars, ce sont des vagues de fleurs bleues : scilles, lierre terrestre et pulmonaires auxquelles se mêlent les violettes. La plupart des espèces précédentes ont des propriétés pectorales qui coïncident avec les troubles respiratoires qui accompagnent les derniers frimas de la saison. Pour soigner les bronches et les voies respiratoires, la violette possède un arsenal de substances actives très efficace au point qu’elle figure dans la liste des plantes du mélange des fleurs pectorales inscrite au Codex pharmaceutique.

Dans la Nature plusieurs espèces de violettes coexistent, chacune ayant élu domicile dans un habitat différent. Leur répartition dans les milieux variés de la campagne à la montagne permet de les rencontrer un peu partout. Dans les prairies et les pelouses ensoleillées, la violette odorante est très fréquente et la plus précoce. Elle possède un parfum sublime digne des violettes de Toulouse dont elle est l’ancêtre sauvage ! Elle est souvent confondue avec les violettes des bois qui préfèrent l’ombrage des arbres : elle s’établit dans les vergers, les lisières de bois et les pieds des haies d’arbustes qui longent les chemins où vous aurez plus de facilité à la voir.

Viola tricolor
Viola tricolor

Leurs cousines sont les pensées sauvages dont les fleurs ont été sélectionnées pour obtenir des variétés décoratives pour le fleurissement des jardins. Contrairement aux violettes, les pensées ne sont pas toujours de cette couleur ! Elles varient par de nombreux caractères subtils qu’un œil averti perçoit rapidement. Ne vous y trompez-pas… les pensées sauvages ont aussi pour certaines des propriétés médicinales avérées. Il est donc important de distinguer les violettes et les pensées dans la mesure où elles ont droit à leur chapitre respectif dans les ouvrages d’herboristerie. Leurs usages traditionnels attestent que cette famille botanique dispose de compétences orientées vers le traitement des maladies respiratoires.

Beaucoup de monde sait reconnaître une fleur de violette, c’est plus difficile d’identifier la plante dans la Nature au milieu des fleurs de la « vague bleue », ou lorsque les fleurs sont fanées, la plante devient indiscernable. Parmi les violettes, le praticien fait la différence entre les espèces pour retenir celle qui est la plus efficace. Ainsi vous serez gagnant de savoir observer les violettes de votre environnement pour faire votre récolte en connaissance de cause et en conscience.  D’autre part, je vous recommande de faire attention à les accueillir dans votre jardin ou votre verger afin d’avoir une réserve de plantes à portée de la main en vue de soigner les refroidissements de début de saison.

Les violettes étant précoces, disparaissent du paysage dès que le printemps est un peu avancé. Lorsque les fleurs jaunes font leur apparition, c’est la deuxième salve du printemps qui démarre. Dans le prairies à vaches, la marée d’or du pissenlit signe le déclin irréversible de la vague bleue des semaines précédentes. Il est urgent de récolter les violettes en même temps que le lierre terrestre et les tussilages pour la tisane et autre sirop contre la toux, et de l’intégrer à vos menus en l’incorporant à vos recettes comme un ingrédient culinaire.

Viola odorata
Viola odorata

La violette odorante peut en effet jouer un rôle préventif dans l’apparition des maladies lorsqu’elle est consommée régulièrement à petites doses dans l’alimentation quotidienne. Des recettes gourmandes existent où chaque organe de la plante est valorisé, qu’il s’agisse des fleurs ou des feuilles de manière à profiter intégralement des bienfaits de cette jolie et délicate fleur du printemps. De plus, elle apporte tant de charme et de couleur à la présentation des plats qu’il s’opère une véritable transformation. Il n’est rien de plus appétissant qu’une assiette décorée par des fleurs de violettes.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-

La chélidoine (Chelidonium majus)

se soigner avec les plantes sauvages

La chélidoine

La Chélidoine est une plante carrément déroutante ! Son apparence se conjugue à ses mœurs pour désigner une exception qui confirme la règle. Je vous ai sélectionné cette plante remarquable pour ses propriétés parmi des espèces champêtres qui se développent en bordure de chemins jusque dans les quartiers habités. Attention aux désherbants chimiques! Les plantes qui survivent aux traitements phytosanitaires pour la « propreté urbaine » risquent de contenir des résidus de pesticides et pourraient vous intoxiquer en plus des polluants classiques !

Chelidoine-fk

Dans certains villages, le mot d’ordre commence à circuler de ne plus désherber chimiquement les pieds de murs et les voiries. Dirigez vos pas vers les ruelles au milieu des maisons anciennes ou inspectez les remparts des sites fortifiés et des ruines de châteaux. Vous serez surpris de croiser des plantes clandestines comme la Chélidoine, qui se maintiennent à l’insu des habitants en limite de jardin et dans les fissures des murs ! Prenons l’exemple du site exceptionnel des Tours de Merle en Corrèze (19), bâti à partir du XII ème siècle, et abandonné au XVIème… abandonné par les hommes mais pas par les plantes ! En me promenant dans les remparts, voilà que je découvre la grande camomille perchée sur la muraille, un peu plus loin de magnifiques touffes de consoude officinale, ou encore le raisin d’Amérique parmi les derniers migrants arrivés sur place. Celles-ci ont été ramenées d’autres régions, les plus anciennes provenant du moyen Orient à l’époque des croisades… Il y a aussi des autochtones comme la Chélidoine et l’égopode podagraire, elles forment souvent des colonies aux abords des habitations où elles sont plus à l’aise que dans les champs. Il suffit d’un coup de rotofil pour les faire disparaître, confondues souvent avec des mauvaises herbes ! Elles vagabondent d’une ruelle à l’autre depuis le Moyen Age où elles avaient une place d’honneur dans le jardin de simples comme dans votre pharmacie, le tube d’aspirine ou la pommade contre les piqûres d’insectes… aujourd’hui !

Chelidoine-fleur-fkJe les appelle les plantes civilisées car elles n’ont plus quitté les villages depuis leur introduction des centaines d’année plus tôt : elles se plaisent en compagnie de l’homme. Il faudrait plutôt dire : elles apprécient l’architecture traditionnelle avec ses matériaux durables : la pierre, la chaux, l’argile et le sable. Leurs racines installées douillettement, ne pourraient pas résister à toutes les intempéries s’il n’y avait un microclimat stable. Pour leur grande chance, la température est contrôlée grâce à l’orientation optimale des constructions humaines en direction du soleil et à l’abri des vents froids de l’hiver. Grâce à ces conditions exceptionnelles, des millions de générations de ces plantes ont franchi les siècles jusqu’à nos jours. C’est pourquoi cette fois, je ne vous emmènerai pas sur les chemins ruraux ; il nous suffira de visiter les ruelles de mon village où se promène la chélidoine en liberté.

Chelidoine-feuille-fkJe vous la présente car elle est réellement différente des plantes médicinales précédentes : ce n’est pas une plante vulnéraire, elle ne vous servira donc pas à soigner vos blessures, de plus elle possède une certaine toxicité… et pour cause : on l’appelle l’Herbe à verrues car c’est son usage populaire le plus connu. Un autre nom, la Grande Eclaire, nous indique un remède destiné à soigner les yeux. Surprenante, la Chélidoine illustre parfaitement ce paradoxe dans la mesure où elle rend de grands services à ceux qui respectent sa puissance. Dépêchez-vous d’aller à sa rencontre dès que le soleil pointe entre deux averses, car cette jolie fleur annonce le printemps en duo avec l’hirondelle.  Il est plus que temps d’admirer sa floraison et d’apprendre à se soigner avec ses feuilles.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-

Les sosies : le gouet et l’oseille

Au début du printemps, les jeunes feuilles d’oseille sauvage (Rumex acetosa) ressemblent fortement au feuillage du gouet (Arum maculatum) qui émerge du sol à la même période. Les deux espèces ont également des oreillettes pointues qui donne à leurs feuilles la forme d’une hallebarde. Alors que l’oseille sauvage est comestible, le gouet est toxique

Une affaire de famille :

Rumex acetosa
Rumex acetosa

L’oseille sauvage appartient à la famille des Polygonacées : oseilles cultivées,  rhubarbe, sarrasin … L’oseille sauvage contient de l’acide oxalique qui peut entrainer la formation de calculs rénaux si elle est consommée en excès.Il faut éviter d’en manger tous les jours. Ne soyez donc pas trop gourmand si vous aimez la soupe à l’oseille!

 

 

Arum maculatumLe Gouet est apparenté aux Aracées, la famille des Arum, utilisée principalement en ornement dans les jardins et par les fleuristes pour les bouquets. Les arums contiennent des raphides d’oxalate de calcium qui sont très irritantes et rubéfiantes pour les muqueuses dès la première bouchée. Attention aussi au contact avec les yeux!

Pour en savoir plus sur la toxicité du gouet.

Comment distinguer les feuilles de l’oseille et du gouet ?

Lorsque le gouet se développe, ses feuilles atteignent plus de 15 cm de longueur alors que les feuilles d’oseille restent assez petites de l’ordre de 5 cm à 10 cm maximum. De plus le gouet pousse à mi-ombre au pied des haies arborées alors que l’oseille pousse au soleil dans les prairies. Cependant les deux espèces se côtoient sur les talus et les limites de parcelles lorsque les haies ont été dégradées par des tailles excessives.

Au tout début du printemps, les jeunes feuilles du Gouet et de l’oseille ont sensiblement la même taille et la même forme. Pour les distinguer, retournez la feuille et observez sa face inférieure :

Arum maculatum
Arum maculatum
  • la feuille du gouet a une face inférieure recouverte d’une sorte de membrane translucide qui prend un aspect nacré à la lumière du jour.

 

 

 

 

 

Rumex acetosa
Rumex acetosa
  • la feuille de l’oseille a une face inférieure  bien verte comme la face supérieure

 

 

 

 

 

Comparez aussi les pétioles des feuilles  (coupez le pétiole avec un couteau et observez la section )

  • le pétiole de l’oseille est creusé comme une gouttière sur la longueur de son axe
  • le pétiole de la feuille de gouet est cylindrique 

Arum-italicum-fkAu moment de la floraison, la confusion n’est plus possible car  la fleur du gouet ressemble à une massue enveloppée d’une spathe (feuille spécialisée) blanc verdâtre. Chez le Gouet maculé, la massue est brune alors que chez le Gouet d’Italie elle est jaune pâle

 

Dans les prés,  l’oseille dresse une tige florale élancée avec un panache de fleurs vert puis pourpre qui flotte comme une oriflamme au-dessus de la prairie.