Je suis allée pêcher la clématite dans les buissons où les flammes argentées sautillent de branche en branche, toujours plus haut vers le ciel d’hiver. Un ami vannier m’en a demandé, c’est si rare dans son pays au sol acide que je voulais lui offrir ces lianes serpentines accrochées aussi solidement que des rêves d’amour à mon cœur solitaire.

Les ronces tout aussi vigoureuses, ont déployé leurs épines rouges et leurs petits harpons dans ma peau, dans mon cœur, ont fait tant d’accrocs au voile de mes illusions que, de ce filet improvisé, je me suis servie comme un pécheur d’étoiles. Je ne voulais pas rester sur terre ! Cramponnée à la corde frissonnante de feuilles, je me suis hissée au dessus des regrets , prête à abandonner mon corps dans l’abime, s’il ne voulait pas suivre mon âme…

L’air était froid, mon souffle chaud et mes doigts enlacés aux tiges tièdes du cornouiller…tous les trois animés par le souffle de la vie…devenue si proche de ce brin de clématite qui ne voulait pas lâcher son tendre arbuste, je n’avais plus vraiment envie de les séparer… D’un coup sec, j’ai rompu leur étreinte et je l’ai emportée dans ma chute au pied de son amant dépouillé. Ma clématite a répandu sa longue tresse défaite de fiancée évanouie sous les chuchotis du vent frileux dans les herbes froissées.

Le cercle étant plénitude, j’ai enroulé la chère liane jusqu’à faire un grand anneau, l’anneau brillant d’une alliance illuminée par le soleil couchant. C’est alors que j’ai vu son diamant suspendu sur le lac rose comme un phare au dessus de l’écume du soir… Sublime Vénus, qui me guide vers l’amour universel  .

Aryane

Cantal – le 20 décembre 2016