Taliesin aurait été le barde d’Urien, puissant roi du Rheged, dans la région du Nord de l’Angleterre actuelle.  Taliesin a décrit une bataille fantastique avec une armée enchantée dont les guerriers auraient été transformés en arbres par l’intervention divine. Les principales essences de nos forêts sont ici mises en scène en fonction de leurs vertus morales. Pour les Celtes, les arbres étaient des êtres emblématiques et sacrés.

2ème extrait de la Bataille des Arbres


« Les aulnes, en tête de la troupe,
Formèrent l’avant-garde,
Les saules et les sorbiers
Se mirent en rang à leur suite,
Les pruniers qui sont rares,
Etonnèrent les hommes.
« Les nouveaux néfliers
Furent les pivots de la bataille,
Les buissons de roses épineuses
Luttèrent contre une grande foule,
Les framboisiers, dressés en fourrés,
Furent les meilleurs à prouver
La fragilité de la vie.
« Le troène et chèvrefeuille,
Avec du lierre sur le front,
Partirent au combat avec l’ajonc.
Le cerisier joua les provocateurs,
Le bouleau malgré son esprit élevé,
Fut placé à l’arrière,
Non pas en raison de sa lâcheté,
Mais bien de sa grandeur.
Le cytise doré prouva
Sa nature sauvage à l’étranger.
« Les pins se tenaient à l’avant,
Au centre de la mêlée
Que j’exaltais grandement
En présence des rois.
L’orme et ses fidèles
Ne bougèrent pas d’un pied.
Ils combattaient contre le centre,
Contre le flanc et les arrières.
« Quant aux noisetiers, on put juger
Que très grande était leur rage guerrière.
Heureux fut le rôle du troène ;
Il fut le taureau du combat, le maître du monde.
Morawg et Morydd
Firent des prouesses sous forme de pins.
Le houx fut éclaboussé de vert,
Il fut brave entre tous.
« L’aubépine, se gardant de tous côtés,
Avaient les mains blessées.
Le tremble fut élagué,
Il fut élagué dans la mêlée.
La fougère fut saccagée.
Le genêt, à l’avant,
Fut blessé dans un fossé.
L’ajonc ne fut pas indemne,
Bien qu’il se répandit partout.
La bruyère fut victorieuse, se gardant de tous côtés,
La foule était charmée
Pendant ce combat des hommes.
« Le chêne, rapide dans sa marche,
Faisait trembler ciel et terre.
Ce fut un vaillant gardien contre l’ennemi,
Son nom est fort considéré.
Les clochettes bleues se battirent
Et causèrent grande douleur :
Elles écrasaient, se faisaient écraser,
D’autres étaient transpercées.
« Les poiriers furent les grands pourfendeurs
Du combat de la plaine,
A cause de leur violence.
La forêt fut un torrent de cendres.
Les châtaigniers timides
N’eurent guère de triomphe.
Le jais devint noir,
La montagne devint rabougrie,
La forêt fut pleine de trous
Comme autrefois les grandes mers,
Depuis que fut entendu le cri de guerre.