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Sensations

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

Arthur RIMBAUD 1870

Extrait des Contemplations

Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,

Le poème éternel ! – La Bible ? – Non, la terre .

Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,

Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu,

J’épèle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;

Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses

Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.

Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,

Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,

Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.

Donc, courbé, – c’est ainsi qu’en marchant je traduis

La lumière en idée, en syllabes les bruits,

– J’étais en train de lire un champ, page fleurie.

 

Victor Hugo ( les contemplations Livre III : les luttes et les rêves)

Taliesin aurait été le barde d’Urien, puissant roi du Rheged, dans la région du Nord de l’Angleterre actuelle.  Taliesin a décrit une bataille fantastique avec une armée enchantée dont les guerriers auraient été transformés en arbres par l’intervention divine. Les principales essences de nos forêts sont ici mises en scène en fonction de leurs vertus morales. Pour les Celtes, les arbres étaient des êtres emblématiques et sacrés.

2ème extrait de la Bataille des Arbres


« Les aulnes, en tête de la troupe,
Formèrent l’avant-garde,
Les saules et les sorbiers
Se mirent en rang à leur suite,
Les pruniers qui sont rares,
Etonnèrent les hommes.
« Les nouveaux néfliers
Furent les pivots de la bataille,
Les buissons de roses épineuses
Luttèrent contre une grande foule,
Les framboisiers, dressés en fourrés,
Furent les meilleurs à prouver
La fragilité de la vie.
« Le troène et chèvrefeuille,
Avec du lierre sur le front,
Partirent au combat avec l’ajonc.
Le cerisier joua les provocateurs,
Le bouleau malgré son esprit élevé,
Fut placé à l’arrière,
Non pas en raison de sa lâcheté,
Mais bien de sa grandeur.
Le cytise doré prouva
Sa nature sauvage à l’étranger.
« Les pins se tenaient à l’avant,
Au centre de la mêlée
Que j’exaltais grandement
En présence des rois.
L’orme et ses fidèles
Ne bougèrent pas d’un pied.
Ils combattaient contre le centre,
Contre le flanc et les arrières.
« Quant aux noisetiers, on put juger
Que très grande était leur rage guerrière.
Heureux fut le rôle du troène ;
Il fut le taureau du combat, le maître du monde.
Morawg et Morydd
Firent des prouesses sous forme de pins.
Le houx fut éclaboussé de vert,
Il fut brave entre tous.
« L’aubépine, se gardant de tous côtés,
Avaient les mains blessées.
Le tremble fut élagué,
Il fut élagué dans la mêlée.
La fougère fut saccagée.
Le genêt, à l’avant,
Fut blessé dans un fossé.
L’ajonc ne fut pas indemne,
Bien qu’il se répandit partout.
La bruyère fut victorieuse, se gardant de tous côtés,
La foule était charmée
Pendant ce combat des hommes.
« Le chêne, rapide dans sa marche,
Faisait trembler ciel et terre.
Ce fut un vaillant gardien contre l’ennemi,
Son nom est fort considéré.
Les clochettes bleues se battirent
Et causèrent grande douleur :
Elles écrasaient, se faisaient écraser,
D’autres étaient transpercées.
« Les poiriers furent les grands pourfendeurs
Du combat de la plaine,
A cause de leur violence.
La forêt fut un torrent de cendres.
Les châtaigniers timides
N’eurent guère de triomphe.
Le jais devint noir,
La montagne devint rabougrie,
La forêt fut pleine de trous
Comme autrefois les grandes mers,
Depuis que fut entendu le cri de guerre.

 

 

Taliesin aurait été le barde d’Urien, puissant roi du Rheged, dans la région du Nord de l’Angleterre actuelle. Selon la légende arthurienne, il aurait été en contact avec Myrddin, le barde du roi Gwenddoleu qui aurait inspiré le mythe de Merlin l’enchanteur. Taliesin est lui-même un personnage légendaire puisqu’il serait revenu à la vie sous plusieurs formes animales, les celtes croyant à la réincarnation et respectant profondément la Nature.

1er extrait de la Bataille des Arbres

« Le Seigneur n’est pas d’une nature ardente.
Il n’a ni père ni mère.
« Quand je vins à la vie,
Mon créateur me forma
Par le fruit des fruits,
Par le fruit du dieu primordial,
Par les primeroses et les fleurs de la colline,
Par les fleurs des arbres et des buissons,
Par la terre et sa course terrestre,
J’ai été formé
Par les fleurs de l’ortie,
Par l’eau du neuvième flot.
J’ai été marqué par Math
Avant de devenir immortel,
J’ai été marqué par Gyddyon,
Le grand purificateur des Bretons,
Par Eurwys et par Euron,
Par Euron et par Modron,
Par cinq fois cinq maîtres de science,
Par les savants enfants de Math. »

Taliesin – épopée celtique

Pulmonaria officinalis
Pulmonaire officinale

Je vous propose un QUIZZ sur une fleur sauvage , que tout le monde a pu croiser un jour dans la campagne : la pulmonaire. Pour raviver votre mémoire, voici à quoi ressemblent ses jolies fleurs bleues.

A la fin du quizz, vous pourrez vérifier vos réponses ici.

 

 

Le nom de cette plante vient  :

1. de son action sur les poumons
2. du nom d’un naturaliste : monsieur Pulman
3. de l’aspect du feuillage qui évoque un poumon

Les fleurs de la pulmonaire peuvent aussi :

1. être rouges sur la même plante
2. avoir un parfum de fraise
3. apparaitre avant les feuilles
4. être butinées par les papillons
5. fleurir toute l’année

On peut consommer une partie de cette plante :

1. les feuilles
2. les fleurs
3. la racine
4. les fruits
5. non : elle est toxique

La pulmonaire pousse :

1. dans les bois
2. dans les chemins bordés de haies champêtres
3. dans les prairies
4. sur les trottoirs
5. dans les jardins bio

La pulmonaire appartient à la même famille que :

1. la pâquerette
2. la laitue
3. le myosotis
4. la consoude
5. la pervenche

Réponses du Quizz – la pulmonaire

Comptez un point par bonne réponse  et regardez votre score en bas de page.(total de 10 points)

Réponses :

Le nom de cette plante vient de :

4. de son action sur les poumons
5. de l’aspect du feuillage qui évoque un poumon

Les fleurs bleues peuvent aussi :
1. être rouges sur la même plante
3. apparaitre avant les feuilles
On peut consommer une partie de cette plante :

1. les feuilles
2. les fleurs
La pulmonaire pousse :

2. dans les chemins bordés de haies champètres
4. dans les jardins bio

La pulmonaire appartient à la même famille que :
3. le myosothis
4. la consoude

 

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moins de 3 points : sortez vite dans la nature pour observer les fleurs !
entre 3 et 7 points : vous pouvez faire mieux en vous inscrivant à un stage safari Flore
entre 8 et 10 points : Bravo ! Essayez le prochain quizz , plus balaise…

L’envol des fritillaires pintades en Aubrac

Sur le plateau de l’Aubrac à plus de 1100 m d’altitude, des étendues d’herbe raide endurent patiemment le long hiver les pieds dans l’eau. Elles dessinent des festons d’un vert grisâtre en soulignant le zigzag de la cote des hautes eaux de la sagne au milieu de la prairie flétrie. Ici le sol est humide en permanence, voire gorgé d’eau dans ses parties les plus basses, la sagne alimentant la praire en période sèche et recueillant le ruissellement naturel des eaux en excédent en période pluvieuse. Au début du mois d’avril, aucun signe de réveil de la végétation sur ces Fritillaire-bouton2-fkplateaux balayés d’un jour à l’autre par la bise et la neige. Pourtant, en prospectant, le nez au ras du sol, je remarque une feuille différente des touffes de carex drues et piquantes, longue, fine, aiguisée en faux et délicatement enroulée sur sa largeur. Elle flanque une tige grêle prolongée par un bouton à peine renflé : une fleur en gestation. Sa teinte glauque attire le regard dans la masse verte uniforme alentour. Bientôt je repère d’autres pieds de cette inconnue discrète dont les boutons se recourbent avec humilité vers le sol comme le col d’un flamant rose, sans en avoir l’éclat. Il me faudra revenir pour en savoir plus.

Deux semaines ont passé sans laisser de répit à ma curiosité botanique! Me voilà de retour sur l’immense herbage où roulent des nuages gris, avant-garde du printemps, encore refoulés par la morsure du vent hivernal. Il est 10 heures et mes doigts gèlent dans les gants quand j’arpente la rive du ruisseau en quête des boutons mystérieux. Dans le méandre, une dense population végétale prolifère et fleurit: ici le miracle du printemps a eu lieu, une oasis en pleine explosion de vitalité dont la floraison contagieuse envahit Populage-fkprogressivement la sagne jusqu’à ses confins. J’assiste enfin au spectacle tant attendu. Je reconnais les plantes fidèles des sources : la populage des marais aux corolles d’un intense jaune safran et aux feuilles luisantes en coeur éclaire par spots la scène voilée par les nuages, relayée par le jaune beurre des primevères élevées, perchées sur leur haute tige, entourées de leurs larges feuilles crénelées. Deci-delà les cardamines des prés tempèrent d’une note rose tendre leur rayonnement lumineux. La populage est toxique autant que la cardamine est comestible: en bon condiment, elle relève de sa saveur piquante les salades printanières qu’elle décore avec ses fleurs. Logique, chacune honore sa famille botanique. Les Renonculacées sont plutôt impropres à la consommation en raison de leur forte teneur en alcaloïdes, alors que les Brassicacées fournissent nos potagers en légumes tels que Viola-palustris-fkchoux, navets, radis, roquette…

La violette des marais, d’un violet très pâle, a la fleur arrondie comme une bouche en coeur. Au creux de ses feuilles découpées en guipure, la benoite des ruisseaux se concentre sur le déploiement de ses roses miniatures aussi diaphanes que des ailes de Gazé.

Cependant la saison accorde incontestablement aux fleurs jaunes le privilège de régner sur la prairie patinée par l’usure des frimas. Une fleur donne le ton, la jonquille d’or. Une nuée d’étoiles essaime sur la prairie, accrochées aux herbes frissonnantes. En passant l’arche du pont de pierre, vers la rive droite, j’oublie vite les quelques bouquets aperçus jusque là, car un champ de jonquilles drape les méandres du ruisseau de sa couleur de miel. Piqués sur cette couronne dorée, des rubis étincellent : mon étonnante inconnue entrouvre enfin sa corolle pourpre en cloche renversée.

Par dizaines, par milliers, elle se répand dans les Paysage-Fritill-fkjonquilles. Moi qui avait compté avec parcimonie quelques boutons, je suis éblouie par la splendide broderie du tapis déroulé à mes pieds. Et quelle fleur! Elle rivalise à égalité avec la jonquille par la taille comme par l’éclat. D’un violet empourpré, elle n’a plus à envier la couleur du flamant rose, et c’est du plumage d’un autre oiseau qu’elle rappelle le motif original : la pintade ! Sur les pétales sont dessinés les carreaux d’un damier, caractère unique dans le monde des fleurs européennes.

Solo-Fritill-fkMa belle dame a gagné au jeu son nom de fritillaire pintade (fritillus : cornet de jeu, damier, en latin). Enchantée par cette féérie, je traverse cette marée de fleurs qu’éclaire désormais le soleil émergé de sa couette nuageuse. Mon admiration m’arrête devant un duo de fritillaires. Les fleurs à peine écloses ont une allure de lanterne chinoise et, lorsque un rayon solaire les effleure, leur damier s’illumine d’une lueur sanguine, j’ai l’impression de croiser un coeur qui bat, le coeur de la prairie humide s’éveillant pour un nouveau printemps magique sur l’Aubrac.

(1)Sagne : vient du celte Sagna, désigne un marais

Un peu de botanique

De la famille des Liliacées, la fritillaire pintade ( Fritillaria meleagris) est une plante pérenne qui survit grâce à son bulbe, comme les tulipes. Sa floraison dure environ quinze jours puis, une fois la fleur fanée, la plante se fond dans la foule herbeuse, redevient indistincte, quasiment invisible. Elle n’en est pas moins active car ses feuilles produisent à plein régime l’énergie qui sera stockée dans les réserves du bulbe jusqu’au printemps suivant. Les fritillaires poussent en colonies comme les Trio-Fritill-Jonq-fkjonquilles, avec qui elles font alliance , occupant les mêmes habitats : les prairies humides, le lit majeur des cours d’eau, les sagnes, toute surface enherbée cultivée sans engrais ni lisier, ni semée, ni retournée, « à l’ancienne ». Le labour, c’est leur mort assurée ! Le drainage aussi. Je connais une triste prairie où la pose de drains a réduit la colonie à une petite centaine d’individus : les corolles survivantes marquent de leurs cornets les secteurs mal drainés où l’eau stagne encore… La jonquille (Narcissus pseudonarcissus), elle, appartient à la famille des Amaryllidacés qui se caractérise par sa corolle soudée en entonnoir mais aussi par la spathe, sorte de feuille membraneuse, qui encapuchonne le bouton avant son éclosion.

Qu’est-ce qu’une zone humide ?

Selon l’article L. 211-1 du code de l’environnement :
.« on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année »

La préservation et la gestion durable des zones humides est déclarée d’intérêt général par le code de l’environnement (article L. 211-3).

L’existence d’une zone humide au sens du livre II du code de l’environnement, est attestée par la réalisation d’un relevé de terrain qui s’appuie sur l’observation du type de sol en place (examen pédologique), ou sur le repérage de plantes indicatrices, ou sur la caractérisation de communautés végétales liées à des habitats typiques. L’arrêté ministériel du 24/06/2008 précise les critères pédologiques et botaniques à prendre en compte et la méthodologie à appliquer pour que cette étude soit conforme.

Le code de l’environnement (articles L. 214-1 et R.214-1), soumet les travaux affectant les zones humides à autorisation ou à déclaration : assèchement, mise en eau, imperméabilisation, remblais.

Attention : la destruction de zones humides est susceptible de poursuites pénales assorties (pouvant aller jusqu’à 18 000 € d’amende) , le cas échéant, de l’obligation de remise en l’état initial des lieux et d’astreintes financières.