Se soigner avec les plantes sauvages
L’achillée millefeuille
Le printemps renouvelle à chaque saison mon étonnement devant sa richesse en floraisons de plantes médicinales : plantain lancéolé, violette odorante, lierre terrestre, chélidoine et primevère, pour ne citer que les sujets de mes premiers article. Ces cinq espèces nous introduisent à la connaissance de catégories de plantes – des familles botaniques- dont vous pourrez découvrir l’importance en phytothérapie. Comme vous l’avez lu dans mon texte, chacune de ces familles détient « le brevet » de substances actives exclusives, ces mêmes molécules qui interviennent en préventif ou en curatif sur notre santé. Ces remèdes naturels ont un autre atout appréciable : la possibilité de cibler un large éventail de désordres biologiques et par là même, de s’adapter aux besoins inhérents à chaque organisme.
L’achillée millefeuille est une plante essentielle dans la phytothérapie traditionnelle telle qu’elle a acquis ses lettres de noblesse en territoire rural depuis des siècles. Cependant elle fait appel à une méthode d’observation botanique plus complexe que les espèces précédentes. Il faut dire qu’elle entretient à la perfection, la confusion avec d’autres espèces sauvages dont la floraison blanche semble tellement proche ! Une erreur d’identification peut arriver si vous ne prêtez garde aux indices caractéristiques de ces espèces. Chaque plante est unique, c’est juste une affaire d’observation et de méthode, comme nous allons le voir pour l’Achillée millefeuille… car se tromper de plante médicinale peut avoir des conséquences désastreuses dans le domaine de la phytothérapie.
Ainsi l’achillée millefeuille, elle-même pourrait essayer de se faire passer pour une carotte sauvage ou un cerfeuil des prés dans le meilleur des cas ! J’ose à peine évoquer la grande cigüe. Heureusement cette maladresse ne vous arrivera pas dans la mesure où vous allez comprendre vite à quel point cette confusion est grossière. Vous aurez tôt fait de cerner la personnalité unique de l’achillée millefeuille et de rentrer dans son intimité qu’elle partage avec l’humanité depuis très, très longtemps.
Pour cela, j’utilise le plus possible mes sens : le toucher, l’odorat et bien sûr la vue. Ils s’avèrent tous indispensables pour approcher l’inflorescence* de l’achillée millefeuille parmi les dizaines de fleurs blanches éparpillées dans la campagne.
Mon intérêt pour l’achillée millefeuille, je le dois à ce papi que j’ai rencontré un matin de juin 2015 dans un petit hameau des Monts du Cantal. Il ne tarissait pas d’éloges pour l’achillée millefeuille. Ce vieux monsieur a d’abord remarqué mon curieux manège, en train d’examiner les herbes folles dans le hameau. Quand je lui ai expliqué mon intérêt de botaniste, il a absolument voulu me montrer une plante sauvage de son jardin.
– « Celle-là, c’est l’achillée, me dit-il, vous connaissez ? Quelle plante merveilleuse ! Elle a un pouvoir extraordinaire que la plupart des gens ignorent. Je lui dois une fière chandelle que je n’oublierai pas de sitôt. A près de 70 ans, je me suis mis à saigner du nez pendant 3 jours en continu sans pouvoir arrêter l’épanchement. Les médicaments que j’ai pris n’y faisait rien. Alors j’ai fait une décoction très concentrée de la plante et j’ai trempé une boule de coton dedans puis je l’ai enfoncée dans les narines. Hé ! Bien, le sang a cessé de couler instantanément ! »
Il regardait avec une infinie reconnaissance le toupet de feuilles serré dans sa main… ce n’est pas moi qui l’aurais contredit, depuis que je me suis coupée profondément le doigt avec ma faucille, un jour où le plantain lancéolé a prouvé son incroyable pouvoir de plante vulnéraire*. (voir article sur le Plantain lancéolé)
Ce monsieur et moi avions chacun à notre tour fait une rencontre décisive dans notre relation à la médecine des plantes. Vous avez été aussi saisi d’émotion par une fleur ambassadrice de la Nature?
Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-
Encore discrètes dans le paysage, vous les apercevrez en vous arrêtant près de la haie, au pied d’un frêne, ces fraîches et pimpantes 


Je les appelle les plantes civilisées car elles n’ont plus quitté les villages depuis leur introduction des centaines d’année plus tôt : elles se plaisent en compagnie de l’homme. Il faudrait plutôt dire : elles apprécient l’architecture traditionnelle avec ses matériaux durables : la pierre, la chaux, l’argile et le sable. Leurs racines installées douillettement, ne pourraient pas résister à toutes les intempéries s’il n’y avait un microclimat stable. Pour leur grande chance, la température est contrôlée grâce à l’orientation optimale des constructions humaines en direction du soleil et à l’abri des vents froids de l’hiver. Grâce à ces conditions exceptionnelles, des millions de générations de ces plantes ont franchi les siècles jusqu’à nos jours. C’est pourquoi cette fois, je ne vous emmènerai pas sur les chemins ruraux ; il nous suffira de visiter les ruelles de mon village où se promène la chélidoine en liberté.
Je vous la présente car elle est réellement différente des plantes médicinales précédentes : ce n’est pas une plante vulnéraire, elle ne vous servira donc pas à soigner vos blessures, de plus elle possède une certaine toxicité… et pour cause : on l’appelle 
Le Gouet est apparenté aux Aracées, la famille des Arum, utilisée principalement en ornement dans les jardins et par les fleuristes pour les bouquets. Les arums contiennent des raphides d’oxalate de calcium qui sont très irritantes et rubéfiantes pour les muqueuses dès la première bouchée. Attention aussi au contact avec les yeux!

Au moment de la floraison, la confusion n’est plus possible car la fleur du gouet ressemble à une massue enveloppée d’une spathe (feuille spécialisée) blanc verdâtre. Chez le Gouet maculé, la massue est brune alors que chez le Gouet d’Italie elle est jaune pâle

Dans nos campagnes, les gens pour la plupart vous indiqueront aisément les fleurs de coucous…il y a les coucous bleus, il y a les coucous jaunes… ! C’est un peu la pagaille dans les noms populaires qui sont attribués souvent à des plantes très différentes avec une bonne fois inaltérable ! Pour s’y retrouver, il nous faudra nommer les plantes avec leurs noms scientifiques, incontournables balises sur le chemin de la phytothérapie. Néanmoins, cet amalgame du langage populaire a son intérêt. Il nous en apprend beaucoup sur le système naturel, que nous pourrions oublier de considérer dans sa richesse globale, focalisés sur notre petite fleur de coucou.







































