La chélidoine (Chelidonium majus)

se soigner avec les plantes sauvages

La chélidoine

La Chélidoine est une plante carrément déroutante ! Son apparence se conjugue à ses mœurs pour désigner une exception qui confirme la règle. Je vous ai sélectionné cette plante remarquable pour ses propriétés parmi des espèces champêtres qui se développent en bordure de chemins jusque dans les quartiers habités. Attention aux désherbants chimiques! Les plantes qui survivent aux traitements phytosanitaires pour la « propreté urbaine » risquent de contenir des résidus de pesticides et pourraient vous intoxiquer en plus des polluants classiques !

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Dans certains villages, le mot d’ordre commence à circuler de ne plus désherber chimiquement les pieds de murs et les voiries. Dirigez vos pas vers les ruelles au milieu des maisons anciennes ou inspectez les remparts des sites fortifiés et des ruines de châteaux. Vous serez surpris de croiser des plantes clandestines comme la Chélidoine, qui se maintiennent à l’insu des habitants en limite de jardin et dans les fissures des murs ! Prenons l’exemple du site exceptionnel des Tours de Merle en Corrèze (19), bâti à partir du XII ème siècle, et abandonné au XVIème… abandonné par les hommes mais pas par les plantes ! En me promenant dans les remparts, voilà que je découvre la grande camomille perchée sur la muraille, un peu plus loin de magnifiques touffes de consoude officinale, ou encore le raisin d’Amérique parmi les derniers migrants arrivés sur place. Celles-ci ont été ramenées d’autres régions, les plus anciennes provenant du moyen Orient à l’époque des croisades… Il y a aussi des autochtones comme la Chélidoine et l’égopode podagraire, elles forment souvent des colonies aux abords des habitations où elles sont plus à l’aise que dans les champs. Il suffit d’un coup de rotofil pour les faire disparaître, confondues souvent avec des mauvaises herbes ! Elles vagabondent d’une ruelle à l’autre depuis le Moyen Age où elles avaient une place d’honneur dans le jardin de simples comme dans votre pharmacie, le tube d’aspirine ou la pommade contre les piqûres d’insectes… aujourd’hui !

Chelidoine-fleur-fkJe les appelle les plantes civilisées car elles n’ont plus quitté les villages depuis leur introduction des centaines d’année plus tôt : elles se plaisent en compagnie de l’homme. Il faudrait plutôt dire : elles apprécient l’architecture traditionnelle avec ses matériaux durables : la pierre, la chaux, l’argile et le sable. Leurs racines installées douillettement, ne pourraient pas résister à toutes les intempéries s’il n’y avait un microclimat stable. Pour leur grande chance, la température est contrôlée grâce à l’orientation optimale des constructions humaines en direction du soleil et à l’abri des vents froids de l’hiver. Grâce à ces conditions exceptionnelles, des millions de générations de ces plantes ont franchi les siècles jusqu’à nos jours. C’est pourquoi cette fois, je ne vous emmènerai pas sur les chemins ruraux ; il nous suffira de visiter les ruelles de mon village où se promène la chélidoine en liberté.

Chelidoine-feuille-fkJe vous la présente car elle est réellement différente des plantes médicinales précédentes : ce n’est pas une plante vulnéraire, elle ne vous servira donc pas à soigner vos blessures, de plus elle possède une certaine toxicité… et pour cause : on l’appelle l’Herbe à verrues car c’est son usage populaire le plus connu. Un autre nom, la Grande Eclaire, nous indique un remède destiné à soigner les yeux. Surprenante, la Chélidoine illustre parfaitement ce paradoxe dans la mesure où elle rend de grands services à ceux qui respectent sa puissance. Dépêchez-vous d’aller à sa rencontre dès que le soleil pointe entre deux averses, car cette jolie fleur annonce le printemps en duo avec l’hirondelle.  Il est plus que temps d’admirer sa floraison et d’apprendre à se soigner avec ses feuilles.

Extrait de la formation Les plantes sauvages appliquées à la naturopathie.
———–Ouverture de la prochaine session en OCTOBRE 2020————-