Se soigner avec les plantes sauvages
La violette odorante
Quelle meilleure raison de se promener au printemps que d’aller voir les premières fleurs de la saison ? Lorsque le soleil joue à cache-cache avec les nuages, les « primroses » illuminent les talus et les prairies encore terrassées par les dernières gelées , ces fleurs qui captent dans leurs pétales le rayonnement solaire et le diffusent par leurs couleurs vives autour d’elles. C’est une véritable source de régénération psychique, qu’une rencontre avec ces plantes, signes manifestes de l’éveil de la Nature. Chaque éclosion de fleur semble exprimer la vitalité de la terre comme un jaillissement de l’énergie du sol contenue pendant l’hiver.
Encore discrètes dans le paysage, vous les apercevrez en vous arrêtant près de la haie, au pied d’un frêne, ces fraîches et pimpantes violettes rassemblées par dizaines en un coussinet dense de pétales …presque pas de feuilles pour les entourer : la photosynthèse vient à peine de démarrer, l’énergie manque pour développer tous les organes de la plante alors les plantes font de leur floraison la priorité ! D’autant que la demande existe en dépit des intempéries de ce début de saison : les insectes butineurs ont repris leur activité et sont en quête de nourriture. Le paysage offre encore peu de ressources et les fleurs des violettes odorantes sont parmi les premières auberges du printemps.
Vers le mois de mars, ce sont des vagues de fleurs bleues : scilles, lierre terrestre et pulmonaires auxquelles se mêlent les violettes. La plupart des espèces précédentes ont des propriétés pectorales qui coïncident avec les troubles respiratoires qui accompagnent les derniers frimas de la saison. Pour soigner les bronches et les voies respiratoires, la violette possède un arsenal de substances actives très efficace au point qu’elle figure dans la liste des plantes du mélange des fleurs pectorales inscrite au Codex pharmaceutique.
Dans la Nature plusieurs espèces de violettes coexistent, chacune ayant élu domicile dans un habitat différent. Leur répartition dans les milieux variés de la campagne à la montagne permet de les rencontrer un peu partout. Dans les prairies et les pelouses ensoleillées, la violette odorante est très fréquente et la plus précoce. Elle possède un parfum sublime digne des violettes de Toulouse dont elle est l’ancêtre sauvage ! Elle est souvent confondue avec les violettes des bois qui préfèrent l’ombrage des arbres : elle s’établit dans les vergers, les lisières de bois et les pieds des haies d’arbustes qui longent les chemins où vous aurez plus de facilité à la voir.
Leurs cousines sont les pensées sauvages dont les fleurs ont été sélectionnées pour obtenir des variétés décoratives pour le fleurissement des jardins. Contrairement aux violettes, les pensées ne sont pas toujours de cette couleur ! Elles varient par de nombreux caractères subtils qu’un œil averti perçoit rapidement. Ne vous y trompez-pas… les pensées sauvages ont aussi pour certaines des propriétés médicinales avérées. Il est donc important de distinguer les violettes et les pensées dans la mesure où elles ont droit à leur chapitre respectif dans les ouvrages d’herboristerie. Leurs usages traditionnels attestent que cette famille botanique dispose de compétences orientées vers le traitement des maladies respiratoires.
Beaucoup de monde sait reconnaître une fleur de violette, c’est plus difficile d’identifier la plante dans la Nature au milieu des fleurs de la « vague bleue », ou lorsque les fleurs sont fanées, la plante devient indiscernable. Parmi les violettes, le praticien fait la différence entre les espèces pour retenir celle qui est la plus efficace. Ainsi vous serez gagnant de savoir observer les violettes de votre environnement pour faire votre récolte en connaissance de cause et en conscience. D’autre part, je vous recommande de faire attention à les accueillir dans votre jardin ou votre verger afin d’avoir une réserve de plantes à portée de la main en vue de soigner les refroidissements de début de saison.
Les violettes étant précoces, disparaissent du paysage dès que le printemps est un peu avancé. Lorsque les fleurs jaunes font leur apparition, c’est la deuxième salve du printemps qui démarre. Dans le prairies à vaches, la marée d’or du pissenlit signe le déclin irréversible de la vague bleue des semaines précédentes. Il est urgent de récolter les violettes en même temps que le lierre terrestre et les tussilages pour la tisane et autre sirop contre la toux, et de l’intégrer à vos menus en l’incorporant à vos recettes comme un ingrédient culinaire.
La violette odorante peut en effet jouer un rôle préventif dans l’apparition des maladies lorsqu’elle est consommée régulièrement à petites doses dans l’alimentation quotidienne. Des recettes gourmandes existent où chaque organe de la plante est valorisé, qu’il s’agisse des fleurs ou des feuilles de manière à profiter intégralement des bienfaits de cette jolie et délicate fleur du printemps. De plus, elle apporte tant de charme et de couleur à la présentation des plats qu’il s’opère une véritable transformation. Il n’est rien de plus appétissant qu’une assiette décorée par des fleurs de violettes.