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Les anémones sous le vent des crêtes
Dans les pelouses naturelles des Monts des Volcans se balancent d’étonnants pompons au gré du vent des crêtes. Hérissés d’aigrettes de plumes, ces drôles de balles soyeuses rappellent les têtes des pissenlits qui poussent dans la vallée. Alors que celles-ci sont fragiles et se brisent au moindre souffle, les pompons des estives résistent jusqu’en été. Pour les admirer, il faut monter au dessus de 1300 m d’altitude…
D’ailleurs, il ne s’agit pas d’espèces de la famille des Astéracées dont les Pissenlit, Salsifi et autre tussilage ont les fruits les plus somptueux, mais d’une catégorie d’anémones sauvages de la famille des Renonculacées.
« Anémone », ce mot bien choisi a pour origine le vent en grec ancien : anemos qui a inspiré le nom de l’outil anémomètre en météorologie.
Ces fleurs montagnardes ont en effet l’habitude de confier au vent leurs semences, un moyen pratique de se balader d’un sommet à l’autre en sautant au dessus du vide comme le ferait un chamois !
Elles sont trois fleurs à égrener leurs pompons au printemps : l’anémone printanière
est la première à fleurir en avril, suivie de l’anémone pulsatille et c’est l’anémone soufrée qui clôture la saison des belles printanières. Mystère de la Nature, l’anémone soufrée est une variété jaune de l’anémone des Alpes qui s’est développée exclusivement en Auvergne.
Pour être en fleurs à la fonte des neiges, elles essuient souvent une averse de neige, un retour de l’hiver qui serait dramatique pour les fragiles corolles d’une autre fleur.
Sauf pour les anémones pulsatilles qui ont eu l’inventivité d’emmitoufler leurs feuilles, leur tige et même leurs fleurs dans un duvet soyeux qui leur sert d’isolant naturel. Ce magnifique manteau argenté scintille dans la lumière des dernières plaques de neige du printemps.
Ainsi protégées, elles affrontent les températures nocturnes très basses, mais encore la déshydratation due à la réverbération du soleil sur la neige, et l’insolation violente des sommets.
Les jolis pompons sont aussi une exclusivité des espèces montagnardes.
Bien qu’elle porte le même nom, l’anémone des bois (Anemone nemorosa) ne pratique pas ce mode de dissémination des graines.
Et pour cause, établie dans le sous-bois des hêtraies à l’abri du vent, sa descendance est disséminée par les fourmis forestières. Trait de génie, la « plume » de la graine chez l’anémone des crêtes est remplacée par une pastille sucrée qui attise la gourmandise des fourmis, chez l’anémone des bois.
Gros plan sur les fleurs des Pyrénées
Fleurs des Pyrénées – lac de Fagebelle 09
Fleurs des Pyrénées – Vallée de l’Aston 09
Fleurs alpines du Parc du Mercantour – 06
Fleurs alpines du Col de la Bonnette – 06
Un désert fleuri dans les éboulis alpins – Col de la Bonnette
Le col de la Bonnette est juché sur un amas de rocaille aride comme le désert. Il culmine à 2715 m d’altitude. Pas de terre visible, pas d’herbage, des fleurs alpines s’enracinent directement dans les éboulis. Le terme « plante de rocaille » prend tout son sens dans cet habitat extrême!
La plupart de ces plantes alpines sont naines et tapissantes . Leur floraison est spectaculaire proportionnellement à leur petite taille. La linaire des Alpes, la renoncule des glaciers et la campanule alpestre attirent particulièrement l’oeil.
D’autres se développent en coussins de feuilles laineuses dont la couleur grisâtre imite celle de la roche environnante. Je ne sais trop si elles sont poussiéreuses ou juste emmitouflées dans leur duvet…
Un orage approche, roulant des éclats de tonnerre et allumant des éclairs sur les crêtes voisines…la pluie semble la seule source d’arrosage de ces plantes privées de tout sol. Heureusement, à cette altitude, les averses sont quotidiennes en été.
Nous sommes fin juillet. La benoite traçante a déjà fructifié à cette date et agite sous le vent des crêtes ses aigrettes soyeuses, pareilles à des boules de coton. De longs stolons rougeâtres prospectent les éboulis autour du pied mère, en quête d’une anfractuosité où s’enraciner .
Les espèces sont en majorité des Astéracées comme le doronic à grandes fleurs. Il s’étend en colonies sur les versants longeant la route depuis le col de la Bonnette vers le camp des Fourches en contrebas.
C’est aussi une des plantes les plus hautes, avec la ligustique fausse férule, une superbe Apiacée, et le cirse épineux paré de son étrange collerette blafarde hérissée d’épines. Leurs grandes tiges fleuries résistent vaillamment au vent des crêtes qui balayent les roches escarpées et rendent difficile la prise de vue des photos!
Hormis les nombreuses Astéracées à fleurs jaunes, les autres espèces ont des floraisons mauves ou violacées. Sous l’influence de l’altitude, les corolles blanches des renoncules des glaciers, et des marguerites des alpes se chargent en pigments ( les anthocyanes) et prennent une carnation rosée.