Se soigner avec les plantes sauvages :
Le plantain lancéolé
Lorsque nous partons en randonnée ou que nous jardinons, les petits maux ne sont pas loin : coupure, piqûre, chute. Les changements de saisons ou de nourritures entrainent diarrhées et problèmes digestifs ou des refroidissements qui nous affectent d’autant plus que nous sommes affaiblis. Heureusement la trousse à pharmacie nous suit ou bien nous courons dare-dare à la pharmacie la plus proche pour soigner bébé qui s’est fait dévorer par les moustiques !
Et réconfortés par notre boite de comprimés toute neuve, nous pensons parfois : mais comment faisaient-ils AVANT ?… avant, c’est à dire quand l’industrie pharmaceutique n’était pas encore développée, il y a au moins 50 ans. Oui, pensons un instant avec émotion à nos aïeux, même à nos grands-parents, lorsqu’ils tombaient malades. En ville, existaient les apothicaires mais à la campagne, la médecine familiale traditionnelle était souvent le seul recours immédiat.
Moi qui habite le Cantal, un département rural dont la principale activité agricole est l’élevage et très peu urbanisé, je me suis trouvée confrontée à cette situation problématique : en fauchant mon jardin à la faucille, un geste maladroit et crac ! Le gant coupé net et le doigt entaillé « à pisser le sang ». Impressionnant et plus qu’une seule main pour s’occuper de l’autre ! Pourvu que les habitants prévoyants aient rassemblé l’antiseptique, la crème cicatrisante, le pansement et la compresse pour soigner ce pauvre doigt… Peut-être même qu’un ou deux points de suture ne seraient pas de trop. Evidemment, tel n’est pas mon cas : seule à la maison, les mains sales, la pharmacie à moitié vide et un dimanche après-midi, je me sentais un peu dépassée par la situation !
Gardant mon sang-froid (!), j’ai pris le parti d’utiliser un remède de paysans en appliquant le plantain lancéolé. Lorsque j’ai su arrêter l’écoulement sanglant de mon doigt à vif , lorsque j’ai vu les deux bords de la plaie béante, roses et parfaitement propres, j’ai commencé à comprendre l’origine du respect des anciens pour « l’herbe aux coupures ». Quand la plaie s’est refermée doucement en moins d’une semaine sans autre compresse que les cataplasmes de bouillie d’herbe, je me suis vraiment intéressée à toutes ces feuilles qui poussent sous mes pieds, capables de soigner la plupart des maladies humaines, là, à portée de main, gratuites, abondantes… C’est le don de la nature ! Il ne tient qu’à nous d’en profiter…
Je m’étais souvent posé la question à propos des buronniers, ces bergers du Cantal qui montaient dans les hauts pâturages avec leurs troupeaux pour y passer 6 mois d’affilée de mai à octobre. A plus de 1300 mètres d’altitude sans chemin carrossable, ni 4X4 à l’époque, il leur fallait plusieurs heures pour revenir au village à pied. Leur principale ressource était dans la nature, qu’il connaissaient comme leur poche. Un savoir millénaire transmis le plus souvent par les femmes qui s’est constitué progressivement dans les campagnes alors très peuplées et très actives : charpentier, ferronnier, forgeron, couvreur, maréchal ferrand, paysan, …autant de métiers , autant d’occasions fréquentes de se blesser.
Pas besoin de formation médicale ou botanique pour utiliser les « simples », c’est à dire les herbes médicinales que l’on peut utiliser en tant que remèdes directement sans nécessiter d’additif ni de préparation compliquée… Nos ancètres se transmettaient les savoirs par tradition orale. Il vous suffira de faire preuve du sens de l’observation, d’un peu de mémoire et de bon sens dans cet apprentissage au fil des saisons. Plus souvent vous vous pencherez sur les plantes, plus facile sera leur reconnaissance. C’est une question de pratique . Vous croisez tous les jours le plantain lancéolé sur les trottoirs et sur les routes de campagne sans la reconnaitre, un peu comme ces passants, auxquels vous ne faites pas attention. L’air de rien, elle a un potentiel incroyable : elle joue sur tous les tableaux…à la fois thérapeutique et culinaire. Quand vous aurez appris à la connaître, croyez-moi, elle se rendra vite indispensable et vous finirez par lui faire une place dans votre paysage quotidien. Pour ma part, je lui ai réservé une place dans mon jardin car c’est un vrai trésor de la nature !